publié le 23-02-2025
Comme tous les ans à la même époque, l’ABM (Agence de la BioMédecine) vient de publier son rapport relatif aux dons d’organes et aux greffes en France en 2024. Des résultats encourageants dans l’ensemble mais qui ne doivent pas cacher le maintien, voire l’augmentation des points noirs. Tels que le taux élevé des refus.
La greffe est une activité médicale vitale, qui intervient en dernier recours dans la prise en charge de patients gravement malades. Elle repose sur une mobilisation lourde et complexe des équipes de réanimation, des coordinations hospitalières de don et de prélèvement, des équipes de régulation et de répartition de l’Agence de la biomédecine, des médecins transplanteurs, et de l’ensemble de la chaine du soin.
6 034 greffes d’organes (+ 7,1 %) soit 17 greffes par jour en moyenne ;
614 greffes avec donneur vivant, dont 598 greffes rénales (+ 7,4 %) ;
3 169 donneurs en mort encéphalique recensés, 1544 prélevés ;
Dans 36,4 % des cas, les proches rapportent une opposition du donneur recensé.
852 patients décédés en liste d’attente, soit une baisse significative de 9,8 % par rapport à 2023 ;
22 585 patients sont inscrits sur la liste nationale d’attente de greffe, dont 11 666 en liste active au 01 janvier 2025 ;
8 378 nouveaux patients ont été inscrits sur la liste nationale d’attente en 2024 ;
Cette année le nombre de greffes a augmenté plus vite (+7,1 %) que le nombre de patients inscrits sur la liste nationale d’attente active (+5,5 %).
6 034 greffes ont été réalisées en 2024, un niveau remarquable qui n’avait plus été atteint depuis 2017. L’activité poursuit son augmentation dans les courbes de croissance définies par le Plan ministériel 2022-2026 pour le prélèvement et la greffe d’organes et de tissus. Les efforts et la stratégie mise en place portent leurs fruits, avec 401 greffes de plus qu’en 2023 (+7,1 %).
Malgré une opposition qui se maintient à un taux inédit de 36,4 % (53,5 % en Ile-de-France), la croissance de l’activité s’explique principalement par la forte hausse des prélèvements dits « à cœur arrêté » (DDAC M3, +12,8 %), mais aussi par une augmentation continue du nombre de donneurs en mort encéphalique recensés (3169 en 2024, +1,2 %) et prélevés (1544, +2,1 %).
Cette année, l’activité de greffe a augmenté plus vite (+7,1 %) que le nombre d’inscrits actifs sur la liste nationale d’attente (+5,5 %). Une tendance qui, si elle se maintient, représente un espoir majeur pour tous les patients en attente de greffe.
Les points noirs
Le fort taux de refus de prélèvements, le plus souvent lié à une méconnaissance des volontés du défunt par la famille, méconnaissance liée elle même à un manque de communication au sein des familles.
La méconnaisance de la loi et le maintien de nombreuses idées fausses au sein de l’opinion publique, idées fausses que révèlent les études réalisées par l’ABM et publiées dans son Baromètre annuel
Les principaux enseignements du baromètre 2024 :
79 % des Français se disent favorables au don de leurs propres organes après leur mort, un chiffre globalement stable depuis 5 ans (-1 point par rapport à 2024) ; -
91 % pensent qu’il est important que leurs proches connaissent leur position sur le don d’organes et de tissus…mais seulement 53 % des Français ont fait part de leur position à leurs proches, un indicateur en hausse (+ 5 points par rapport à 2024) dans toutes les classes d’âge ;
Seuls 28 % des Français se disent « bien informés » sur le don d’organes et la greffe.
Des idées fausses qui malheureusement persistent- Bien que l’équité dans la répartition des greffons soit garantie par l’Agence de la biomédecine,seuls 6 Français sur 10 ont le sentiment que le don d’organes profite de manière équitable à toutes les catégories de la population.Seuls 19 % des Français savent que les organes prélevés ne peuvent pas servir à des expériences scientifiques,mais sont exclusivement réservés à des patients malades en attente de greffe (24% en 2023). Près d’1 Français sur 2croit que le prélèvement d’organes et de tissus n’est pas compatible avec lesrites funéraires religieux, alors que le don d’organes est reconnu et autorisé par les 3 principales religions monothéistes pratiquées en France, et que le prélèvement n’empêche pas de réaliser les funérailles selon les traditions de chacun.Seuls 40 % des Français savent qu’il n’y a pas de limite d’âge pour être donneur d’organes et de tissus,alors que les rares contre-indications au prélèvement sont uniquement d’ordre médical : toute personne qui décède à l’hôpital, quel que soit son âge et son état de santé, peut être donneuse de tissus et/ou d’organes, selon les conditions dudécès.
Autant les chiffres prometteurs de la progression des dons d’organes que la subsistance des points noirs ne peuvent que nous inviter à poursuivre et à amplifier nos missions d’information auprès de tout public et à toute occasion : interventions scolaires, interventions en entreprises, conférences, manifestations sportives et associatives, etc.
Avec un leitmotiv : Pour ou contre le don d’organes ? Informez-vous – Réfléchissez-y – Prenez une décision et informez en vos proches !